« On ne naît pas femme, on le devient[1] : » L’impact du genre grammatical dans la langue de Molière[2]

PAR ALEXA KLEIN
ÉTUDIANTE EN DROIT À MCGILL

Cette dissertation porte sur l’intersection entre la langue et les droits des femmes et des personnes non binaires[3]. Elle explore l’impact que la langue que l’on parle peut avoir sur notre perception de ces gens et de leurs droits. L’effet que la langue a sur notre perception du monde est brièvement considéré avant d’analyser le traitement du genre féminin et du langage épicène[4] dans la langue française. Cette analyse démontre que parler une langue avec un genre grammatical, dans ce cas-ci le français, peut avoir un impact sur la perception qu’ont les locuteurs de cette langue des droits des femmes et des personnes non binaires.

La barrière linguistique : la langue et la perception du monde

La langue ou les langues que l’on parle affectent notre perception du monde. Plus particulièrement, il y a maintenant amplement de recherche démontrant un lien entre l’existence du genre grammatical dans une langue et les associations que ses locuteurs font entre certains noms communs et le sexe féminin ou masculin[5]. Les locuteurs de langues avec genre grammatical ont tendance à associer des qualités dites « masculines » aux mots qui sont masculins dans leur langue et des qualités dites « féminines » aux mots qui sont féminins. Par exemple, un pont est masculin en espagnol (el puente) et les locuteurs de cette langue, même lorsqu’on leur demande de qualifier un pont en anglais, une langue sans genre grammatical, ont tendance à utiliser des mots tels que grand, dangereux, long, fort, ou solide pour décrire le pont. En allemand, le mot pont est féminin (die brücke) et les locuteurs de cette langue, lorsqu’on leur demande de qualifier un pont en anglais, ont tendance à utiliser des mots tels que belle, élégante, fragile, paisible, ou svelte[6]. Cet exemple démontre que les langues avec genre grammatical peuvent créer une association si forte dans l’esprit du locuteur entre le genre grammatical d’une chose (ou d’une personne) et ses qualités que même lorsqu’il s’exprime dans une langue sans genre grammatical l’association persiste[7].

La langue parlée n’a aucun impact sur l’habilité d’une personne de raisonner de façon logique[8], mais l’existence du genre grammatical dans la langue peut tout de même délimiter et diriger la pensée. La langue ou les langues parlées peuvent donc influencer la perception qu’une personne a des femmes, des personnes non binaires, de leurs droits, ainsi que de l’importance de leur place dans la société.

Le deuxième sexe : le féminin en français

Le Québec a été l’une des premières nations francophones à prendre des mesures pour féminiser les titres de professions durant les années 60 et est depuis resté en tête du mouvement de féminisation de la langue française[9]. Cela démontre comment, jusqu’à tout récemment, le genre grammatical en français présentait un obstacle supplémentaire à l’égalité des femmes en société. Ainsi, plusieurs auteurs, surtout des linguistes et des théoriciennes de mouvements féministes, ont commenté sur l’invisibilité de la femme dans la langue française[10]. C’est un obstacle que l’anglais, langue sans genre grammatical, ne connaît pas. Cette absence promulgue et reflète simultanément les inégalités sociales. Jusqu’au XXe siècle, par exemple, les titres de professions étaient (et ils le sont encore dans certains pays) tous masculins. Il y avait une tendance au Québec à « désexiser » des textes même avant la publication des premiers avis sur le sujet de l’Office québécois de la langue française (OQLF)[11]. Ce fut en 1979 que le mouvement prit de l’ampleur quand l’OQLF recommanda l’emploi de formes féminines dans tous les cas possibles[12]. Cet avis fut suivi de plusieurs autres qui furent repris par maints pays francophones qui s’en sont inspirés pour féminiser des appellations de métiers[13].

Dans son avis le plus récent datant de 2015, l’OFLQ a poussé sa réforme de la langue encore plus loin, mandatant la rédaction épicène[14]. En d’autres mots, le recours à une formulation neutre doit être choisi lorsque possible. Par exemple, les lecteurs deviennent le lectorat et être citoyen canadien devient être de citoyenneté canadienne. Les médias et œuvres de référence ont encore une fois rapidement fait suite à cet avis, bien que certains souscrivaient déjà à de telles pratiques. La société québécoise a évolué et la langue a réagi à ce changement de structure sociale : « Depuis quelques décennies, les femmes accèdent à des postes de travail autrefois occupés avant tout uniquement par les hommes et la langue française [réagit] à cette situation »[15]. Le Québec est donc la preuve que la langue peut évoluer avec la société, mais ceci n’est pas toujours le cas. Kristýna Žáčková, une linguiste spécialisant sur la féminisation de la langue française, remarque que « la proximité de l’anglais et du féminisme américain a certainement contribué à déclencher le débat public sur ce sujet » au Québec bien avant qu’il n’apparaisse chez les autres membres de la Francophonie[16]. En effet, malgré les avancées remarquables faites au Québec, les pays francophones d’Europe et d’Afrique ont été réticents à féminiser les titres de professions.

Un des acteurs ayant alimenté cette réticence à féminiser les mots en Europe est l’Académie française. En France, l’Académie est gardienne de la langue et son rôle est similaire à celui de l’OFLQ au Québec, mais elle a en plus une large influence sur l’évolution du français dans les autres pays de la Francophonie qui suivent normalement ses recommandations. Ainsi, l’Académie a adopté la théorie du genre marqué, qui suppose que seulement le genre masculin peut être utilisé pour référer aux hommes et aux femmes en même temps[17]. La théorie du genre marqué a cependant été jugée discriminatoire par plusieurs féministes, qui y voient une suggestion que la forme féminine est secondaire à la forme masculine[18]. Les membres de l’Académie ont même tenu les propos suivants :

Le genre masculin est réputé́ plus noble que le féminin, à cause de la supériorité́ du mâle sur la femelle[19]

 

Nous avons (...) pu relever récemment, dans un compte rendu du correspondant du Monde à Bruxelles, l’expression la juge. L’Académie française considère que cette féminisation est abusive et choquante[20].

 

Cette dernière phrase reflète l’approche prise par l’Académie lorsqu’elle a concédé la féminisation de certains métiers vers la fin des années 90. L’Académie distingue deux catégories de noms de métiers : les métiers prestigieux ou « haut de gamme » (maire, médecin, ministre, professeur, sénateur, juge, etc.) et les métiers non valorisés ou « bas de gamme » (boulanger, cuisinier, instituteur, travailleur, poissonnier, etc.). Elle considère acceptable de féminiser seulement la deuxième catégorie de métiers[21]. Ainsi, on peut être une cuisinière ou une institutrice, mais pas une sénatrice ou une juge. On dit aussi Madame le Ministre et non Madame la Ministre. La féminisation des noms de métiers selon ces critères crée donc une hiérarchisation sociale qui associe directement la femme au « bas de gamme ». Cet exemple démontre à quel point la discrimination des femmes dans la société peut être reflétée et amplifiée par les langues sexospécifiques d’une façon qu’elle ne pourrait l’être dans un langage sans genre grammatical tel que l’anglais.

Même au Québec, où les efforts pour féminiser la langue ont connu un grand succès, on se fait encore dire des choses comme « c’est toujours le masculin qui l’emporte » à l’école primaire dans nos cours de français. Le message d’infériorité de la femme n’est pas aussi flagrant ici qu’il ne l’est en France, mais il est certainement présent. Une étude faite par Alexandra Dupuy et Benoît Latulippe de l’UQAM sur la féminisation des noms de métiers et des titres de fonctions sur Twitter démontre que les usagers québécois de la plateforme sont portés à féminiser plus souvent que leurs contreparties françaises, mais que le taux de féminisation va en baissant à mesure que le « prestige » du métier augmente chez les Québécois comme chez les Français[22]. La langue française a donc encore du chemin à faire au Canada en ce qui a trait à l’égalité des femmes avant de pouvoir rattraper sa voisine la langue anglaise en termes de neutralité de la langue.

Au-delà du genre : le langage épicène en français

L’anglais bénéficie d’une flexibilité par son genre grammatical neutre non seulement en ce qui a trait à l’égalité des noms masculins et féminins —problème auquel l’anglais ne fait tout simplement pas face—mais aussi en ce qui a trait aux options linguistiques qui s’offrent aux personnes non binaires lorsqu’il s’agit d’employer un langage épicène. Ainsi, il y a une demande grandissante de la part de la communauté transgenre pour un langage épicène qui aiderait ses membres à mieux exprimer leur identité[23], mais la quête pour un tel langage est sans aucun doute plus difficile en français dû à la présence omniprésente du genre dans la langue.

Levi C. R. Hord argumente que la situation est ainsi parce que les langues avec genre grammatical ont moins « d’espace » pour le langage épicène que les langues sans genre grammatical[24]. Ceci est en raison du nombre beaucoup plus élevé de conventions grammaticales basées sur le genre dans le premier groupe de langues[25]. Par exemple, en anglais on réfère à un groupe de personne de façon neutre en utilisant le pronom they, et il est grammaticalement correcte depuis au moins le XIX siècle d’utiliser they pour référer à un individu[26]. Tandis qu’en français, la convention grammaticale est de donner un genre autant à l’individu qu’au groupe en utilisant il/elle/ils/elles. L’étude de Hord à ce sujet démontre ce manque d’espace. Hord a récolté les réponses à un questionnaire en ligne de répondants s’identifiant comme transgenre, non binaire ou genderqueer concernant leur attitude à propos de la ou des langues qu'ils utilisent; si ces langues leur permettent d'exprimer correctement leur identité; et, dans le cas des personnes bilingues, s’il existe une différence lorsqu’elles expriment leur identité dans une langue plutôt qu’une autre[27]. Ce sont surtout les réponses de ces personnes bilingues (anglais/français et anglais/allemand) qui sont assez frappantes. Des six répondants qui utilisent des pronoms épicènes en anglais (souvent they), seulement une personne utilise aussi un pronom épicène en français —le pronom iel, un amalgame des pronoms il et elle, parfois utilisé dans la communauté queer francophone[28]. Les cinq autres n’écrivent soit aucun pronom en français/allemand, soit un pronom féminin ou masculin. Les trois répondants utilisant le suffixe Mx. en anglais n’utilise rien de tel en français/allemand. Il suffit de faire quelques recherches sur le web pour comprendre qu’il n’y a pas d’équivalent aux termes épicènes anglais they et Mx. en français et en allemand[29].

Le manque d’appellations épicènes en français et en allemand est flagrant pour les personnes bilingues de la communauté queer. En effet, 51% des répondants unilingues anglophones pensent que l’anglais ne leur permet pas d’exprimer leur identité (31%) ou ne leur permet pas encore assez bien de le faire (23%), alors que tous les répondants bilingues anglais/français et anglais/allemand sans exception pensent que l’anglais est adéquat pour leur permettre d’exprimer leur identité[30]. De même, les répondants bilingues croient tous que l’anglais leur permet de mieux participer en société que leur langue sexospécifique[31]. L’anglais met à la disposition de ses locuteurs un vocabulaire qui facilite la discussion sur de tels enjeux sociétaires, mais aussi la participation des femmes et des personnes non binaires en société et à de telles discussions. Il est aussi intéressant de noter que les commentaires accompagnant leurs choix de réponses démontrent que cette perspective de l’anglais est basée sur une comparaison avec le français ou l’allemand[32]. La comparaison avec l’anglais révèle donc encore une fois le grand travail que la langue française et les autres langues sexospécifiques ont à faire pour devenir plus inclusives.

Conclusion : la langue, une création humaine

Ultimement, même si la langue française permet plus difficilement que l’anglais l’utilisation d’un langage inclusif et non sexiste en raison de sa grammaire, il ne faut pas oublier que la langue reste le « miroir culturel »[33] de la société : elle reflète la mentalité collective de ses utilisateurs. À l’Académie française, on a accusé d’imposer à la « langue d’en haut des transformations au bénéfice d’un projet politique »[34] et on a résisté la féminisation des noms de métiers jusqu’en février 2019 avant de finalement capituler[35]. Ne serait-ce donc pas plutôt l’humain qui décide ce qui est grammaticalement correct et ce qu’il ne l’est pas ? Penser que « [la] langue a une vie propre » et qu’elle se transforme « à son rythme » pour refléter les changements de mentalités, comme l’Académie a argumenté pendant quatre décennies, est illusoire. Comme ce texte s’est efforcé de le démontrer, la langue est une création humaine. Elle évolue en fonction de l’évolution de la société. Les femmes ont accédé au fil du temps à des fonctions autrefois occupées exclusivement par les hommes. Leur participation en société a changé. Au Québec, nous avons modifié notre langue pour refléter ce changement, puis éventuellement la Belgique et la Suisse nous ont emboîté le pas, et finalement la France a cédé[36]. Maintenant, les personnes non binaires sont tranquillement en train de prendre leur place et leur espace en société. Leurs droits se font reconnaître peu à peu. Leur participation en société est grandissante. N’est-il pas temps que cette évolution soit reflétée dans la langue? Voilà donc une opportunité pour le Québec de mener la danse encore une fois et de promouvoir l’utilisation courante du langage épicène et la création de pronoms neutres dans la langue française.


[1] Simone de Beauvoir, Le deuxième sexe : L’expérience vécue, tome 2, Paris, Gallimard, 1947 à la p 1.

[2] Je tiens à remercier les rédactrices de Contours Jennifer Lachance, Adriana Cefis et Megan Lindy qui ont laborieusement corrigé et raccourcis ma dissertation avec tant de diligence et de patience, et qui m’ont fait d’excellentes suggestions pour en améliorer le contenu.

[3] L’appellation « personnes non binaires, » dans cette dissertation, réfère à toutes personnes ne s’identifiant pas à son sexe à la naissance.

[4] Invariant en genre.

[5] Voir par ex Guy Deutscher, Through the Language Glass: Why the World Looks Different in Other Languages, New York, Metropolitan Books, 2010 à la p 197 [Deutscher].

 

[6] Voir Deutscher, supra note 5 à la p 215.

[7] Ibid à la p 215.

[8] Ibid.

[9] Voir Kristýna Žáčková, La féminisation dans la langue française, thèse de maîtrise en philologie du français, Université Palackého V Olomouci, 2011 [non publiée] [Žáčková] à la p 15.

[10] Ibid. Voir aussi Marina Yaguello, Les mots et les femmes, Paris : Payot, 1978 [Yaguello]; Marina Yaguello, Le sexe des mots, Paris : Seuil, 1995; Anne-Marie Houdebine-Gravaud, La féminisation des noms de métiers : En français et dans d’autres langues, Paris : L’Harmattan, 1998; Céline Labrosse, Pour une langue française non-sexiste, Montréal : Les intouchables, 2005; Céline Labrosse, Pour une grammaire non-sexiste, Montréal : Les éditions remue-ménage, 2005.

[11] Voir Žáčková, supra note 9.

[12]Voir Québec, Office de la langue française, Féminisation des titres (avis de recommandation), Québec, Gazette officielle du Québec, 28 juillet 1979.

[13] Voir Žáčková, supra note 9 à la p 17.

[14] Voir Québec, Office Québécois de la langue française, Féminisation des appellations de personnes et rédaction épicène (avis de recommandation), partie 1, 147e année, no 19, Québec, Gazette officielle du Québec, 9 mai 2015.

[15] Voir Žáčková, supra note 9 à la p 46.

[16] Ibid à la p 14.

[17] Voir Académie Française, déclaration, « Féminisation des noms de métiers, fonctions, grades et titres » (21 mars 2002), en ligne : Site officiel de l’Académie française <www.academie-francaise.fr/actualities> [perma.cc/HC83-NMXP].

[18] Voir Žáčková, supra note 9 à la p 23.

[19] Ibid à la p 13.

[20] Ibid à la p 29.

[21] Ibid à la p 25.

[22] Voir Alexandra Dupuy et Benoît Latulippe, « La féminisation des noms de métiers et de titres de fonctions sur Twitter », colloque étudiante des étudiants en linguistique de l’UQAM, présenté à l’UQAM, 17 avril 2018 [non publié], en ligne : <www.linguistique.uqam.ca> [perma.cc/VV76-3CMB].

[23] Voir Levi C. R. Hord, « Bucking the Linguistic Binary: Gender Neutral Language in English, Swedish, French and German » (2016), 3 : 1 WISSLR 4 (Western Libraries) [Hord]. Voir aussi Anna Livia, Pronoun Envy: Literary Uses of Linguistic Gender, Oxford, Oxford University Press, 2001 [Livia]; Jila Ghomeshi, Grammar Matters: The Social Significance of How We Use Language, Winnipeg, Arbeiter Ring, 2010. Voir généralement Suzan Stryker, Transgender History, Berkeley, Seal, 2008.

[24] Voir Hord, supra note 23 à la p 1 (par « espace », Hord veut dire moins d’opportunité, d’aise et de susceptibilité à développer un langage épicène).

[25] Ibid. Voir aussi Jennifer L. Prewitt-Freilino, Andrew Caswell et Emmi K. Laakso, « The Gendering of Language: A Comparison of Gender Equality in Countries with Gendered, Natural Gender, and Genderless Languages » (2012) 66 : 3 Sex Roles 268 à la p 271, DOI: <10.1007/s11199-011-0083-5>.

[26] Merriam-Webster, « Words We’re Watching: Singular ‘They’ » <https://www.merriam-webster.com/words-at-play/singular-nonbinary-they> [perma.cc/EGP3-HRSB].

[27] Voir la référence à l’étude à la note 23 (les répondants étaient soit unilingues anglophones ou bilingues anglais/suédois, bilingues anglais/français, et bilingues anglais/allemand).

[28] Voir Sophie Bailly, Les hommes, les femmes et la communication : Mais que vient faire le sexe dans la langue ? Paris : L’Harmattan, 2008 (« les concepts de genre ou genre social se présentent comme des alternatives au concept de sexe pour en préciser la dimension sociale. Mais l’emploi de ces termes semble réservé́ à certains spécialistes sans pénétrer dans l’usage courant de la langue » à la page 28). Voir Hord, supra note 23 à la p 9.

[29] D’après mes recherches, certaines personnes dans la communauté queer utilisent iel ou on, mais l’utilisation des deux est très peu répandue en raison des difficultés grammaticales qu’ils engendrent.

[30] Voir Hord, supra note 23 à la p 22.

[31] Ibid (« The options that English presents work reasonably well for me and I can express my gender identity and use preferred pronouns [...]. [In] German I struggle a lot with language and [I am] often very unhappy with the situation of German gender neutral language. I lack usable and easy to learn/apply pronouns and descriptions of myself. That the language is very gendered is a big problem in my life (Respondent 98) »).

[32] Ibid (« [a]s a [bilingual], I can attest that gender-neutral language in French is next to impossible (Respondent 96) » à la p 23); (« [i]t's really painful for me to express myself, my gender identity, in French because of the lack of trans history in the use of language (Respondent 103) » à la p 23); « [s]peaking a gendered language as an agender person fuckin’ sucks. I'm constantly misgendered, or I’m misgendering myself in order to be understood (Respondent 171) » à la p 23).

[33] Voir Yaguello, supra note 10 à la p 8.

[34] Voir Žáčková, supra note 9 à la p 29.

[35] Voir Marie-Eva de Villiers, « L’Académie française capitule enfin! » Le Devoir (25 février 2019), en ligne : <https://www.ledevoir.com/opinion/idees/548547/langue-l-academie-francaise-capitule-enfin> [perma.cc/6TE7-KZ83].

[36] Ibid.

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