LA THÉORIE DU STANDPOINT : POURQUOI EST-IL IMPORTANT QUE LES REVENDICATIONS FÉMINISTES ÉMANENT DES FEMMES?
PAR LAURENCE BOUDREAU
ÉTUDIANTE EN DROIT À MCGILL
Dans son texte Introduction: Standpoint Theory as a Site of Political, Philosophic, and[1] Scientific Debate[1], Sandra Harding aborde les controverses liées à la théorie du Standpoint. Cette théorie prône l’utilisation de l’expérience de l’opprimée comme méthode pour guider les recherches féministes. En d’autres termes, les groupes opprimés sont les sujets et les auteurs du savoir.
La théorie du Standpoint attire toutefois certaines critiques, dont quelques-unes visent sa neutralité. En effet, on lui reproche de concevoir la connaissance féministe comme étant renfermée dans l’expérience personnelle et unique à chaque femme, entraînant ainsi un certain relativisme[2] dans son approche aux problèmes vécus par les femmes. Cependant, Harding démontre que cette théorie permet de développer une meilleure vision de la réalité : “[s]tandpoint theory […] can transform a source of oppression into a source of knowledge and potential liberation […] as well as to our understanding of precondition for the production of knowledge.”[3]
L’approche véhiculée par la théorie du Standpoint permet entre autres d’approfondir la compréhension sur l’oppression. Elle permet aux personnes marginalisées de faire entendre leur voix et de développer ainsi une vision globale, et ce, dans le but de guider le mouvement et les recherches féministes. Il s’agit d’observer et de critiquer certains aspects de la société qui, autrement, seraient passés sous silence.
La théorie du Standpoint est pertinente à la prémisse du discours féministe, mais peut être risquée si le discours est uniquement basé sur celle-ci. En effet, on peut craindre que le sous-aspect adversatif (oppresseurs-opprimés) de cette théorie ne serve pas son rôle féministe et isole davantage la femme. Cette théorie demeure toutefois une base pertinente et solide au mouvement féministe.
Oui à un espace où toutes les femmes ne craignent pas de s’exprimer librement.
Oui à la possibilité d’une non-mixité dans les regroupements.
Oui à l’utilisation de son expérience et de ses émotions.
Oui aux voix des femmes en droit.
[1] Sandra Harding, The Feminist Standpoint Theory Reader: Intellectual and Political Controversies, New York, Routledge, 2004, p. 1 à 15.
[2] Ibid à la p 10.
[3] Ibid.